Sucré
salé
Un sucre à la
mer ! un sucre à la mer !
Les curieux se
sont agglutinés sur la plage.
Un sucre à la
mer ! un sucre à la mer !
On crie : à
l’assassin ! au vol ! à l’abordage !
On se rue vers
l’enfant égaré sur la grève.
Il court, il se
démène, il tombe, il se relève.
Et l’on attrape
enfin le pauvre miochet
Qui d’un kilo de
sucre a fait des ricochets.
Un sucre à la
mer ! un sucre à la mer !
On le secoue (il
pleure) et l’on fait la leçon,
Bras tendus,
face au large, et l’on tient des propos,
Des sermons, des
discours, des topos écolos,
Pour faire du
voyou un bon petit garçon.
Un sucre à la
mer ! un sucre à la mer !
On s’indigne, on
s’étonne et l’on crie à tue-tête :
- Qu’ai-je fait
au bon dieu ? Où avais-tu la tête ?
- A-t-on déjà
mangé de la morue sucrée ?
- Veux-tu que
l’on tartine au beurre demi-sucre ?
- Les poissons,
les dauphins, tu veux les massacrer,
Et finir par
mener la planète au sépulcre ?
- Un sucre à la
mer ! un sucre à la mer !
- Il faudrait
supprimer toutes les friandises !
- Ça pousse la
marmaille à faire des bêtises !
L’enfant
n’écoute plus, il fait la sourde oreille
Aux cris
assourdissants, aux mille réprimandes.
Égaré sur la
plage, à deux pas de Guérande,
Il avance. Et,
les yeux tournés vers le soleil,
Il dit :
- Pardonnez-moi
ce geste criminel.
Je voulais que
le vent laisse sur les parcelles
De nos marais
salants, à la place du sel,
Pour Grand-Mi qui
somnole au paradis du ciel,
Jusqu’à la fin
des temps, des tas de caramel…
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