Si les gabares pouvaient parler,
Elles
sauraient nous la raconter,
L’histoire
du saulnier de Guérande,
Et
de sa fiancée d’Ingrandes,
Qu’il
courtisait de tant de zèle,
Qu’elle
lui offrit sa fleur de sel,
Sans
besoin qu’il la lui demande.
Elles
en auraient à raconter,
Si
les gabares pouvaient parler…
Si
les gabares savaient chanter,
Quand
elles s’allongent sur les quais,
L’accordéon,
à chaque escale,
Viendrait
leur souffler, dans les voiles,
Des
airs venus du moyen-âge,
Par
les vieux chemins de halage.
À
l’heure où montent les étoiles,
Elles
en auraient à fredonner,
Si
les gabares savaient chanter.
Si
les gabares pouvaient pleurer,
Sur
l’ombre des marins noyés,
Tous
les jours on pourrait entendre,
Quand
le ciel est noir à se pendre,
Gémir
les planches de bois mort,
Sangloter
les poulies du bord,
Grincer
les cordages de chanvre.
Elles
sauraient la larme verser,
Si
les gabares pouvaient pleurer…
Mais
elles ne savent que rêver,
Les
gabares du temps passé,
Sous
le soleil ou sous la neige,
Elles
se rappellent des cortèges,
De
chalands, de chalibardons,
Du
côté des berges d’Oudon.
Ne
craignez que leurs sortilèges
Ne
viennent vous ensorceler :
Gabares
ne savent que rêver.