Racines
Je suis de ce pays où le nez de la
France
Flaire indifféremment l’Atlantique ou la
Manche.
Je suis de la Presqu’île où l’averse
s’épanche,
Pour gonfler le Blavet, la Vilaine et la
Rance.
Chez nous, lorsque le ciel veut se
teinter de plomb,
Et s’affaisser, jusqu’à étouffer les
calvaires,
Ce n’est que pour montrer, sur les
flancs des abers,
Les guirlandes dorées de la fleur de l’ajonc.
La mer qui se retire au bord de
l’horizon
Nous laisse ses parfums de goémon iodé,
Pour revenir, plus belle, et d’écume fardée,
Transportant ses soupirs aux pieds de nos
maisons.
Le soir, les goélands rassemblés sur les
toits
Echangent des propos d’aventures marines,
Récoltées au hasard de belles brigantines
Qui vers le nouveau monde agitaient
leurs pavois.
Je suis de ce pays où le nez de la
France
Respire les embruns des vagues qui
moutonnent,
Pour admirer, le soir, les soleils en
partance,
Et gonfler les poumons de tout un
Hexagone.