lundi 24 mars 2014

Si les gabares…





Si les gabares pouvaient parler,
Elles sauraient nous la raconter,
L’histoire du saulnier de Guérande,
Et de sa fiancée d’Ingrandes,
Qu’il courtisait de tant de zèle,
Qu’elle lui offrit sa fleur de sel,
Sans besoin qu’il la lui demande.
Elles en auraient à raconter,
Si les gabares pouvaient parler…

Si les gabares savaient chanter,
Quand elles s’allongent sur les quais,
L’accordéon, à chaque escale,
Viendrait leur souffler, dans les voiles,
Des airs venus du moyen-âge,
Par les vieux chemins de halage.
À l’heure où montent  les étoiles,
Elles en auraient à fredonner,
Si les gabares savaient chanter.

Si les gabares pouvaient pleurer,
Sur l’ombre des marins noyés,
Tous les jours on pourrait entendre,
Quand le ciel est noir à se pendre,
Gémir les planches de bois mort,
Sangloter les poulies du bord,
Grincer les cordages de chanvre.
Elles sauraient la larme verser,
Si les gabares pouvaient pleurer…

Mais elles ne savent que rêver,
Les gabares du temps passé,
Sous le soleil ou sous la neige,
Elles se rappellent des cortèges,
De chalands, de chalibardons,
Du côté des berges d’Oudon.
Ne craignez que leurs sortilèges
Ne viennent vous ensorceler :
Gabares ne savent que rêver.